Des jeunes tentent l'expérience.

   Entretien avec    

Karine Chateignier 

         


   Aujourd’hui de nombreuses personnes et en particulier des jeunes, tentent des expériences de contact avec l’au-delà sans la moindre connaissance, que peux-tu leur conseiller ?

   Le spiritisme, c’est-à-dire la possible communication avec les esprits désincarnés, est encore aujourd’hui mal connu et surtout, fort peu étudié.

   Cependant la curiosité expérimentale et les méthodes qui l’ont caractérisé, ont parcouru les décennies, sans visiblement s’altérer du manque de réussite, de probité, du manque de connaissance et de sérieux.

  Il me semble même, que ces dernières années aient été porteuses de nouvelles expériences.
Les adolescents en particulier sont friands de ce type d’expériences, j’ai même eu au téléphone il y a quelques mois un jeune garçon de onze ans, qui s’apprêtait à tenter l’expérience, et qui demandait comment s’y prendre.
  Il va sans dire que je l’en ai fortement dissuadé.

Peut-on blâmer ces jeunes de s’aventurer sur ce terrain expérimental ?

   Le verbe « blâmer » est approprié, car on blâme celui ou celle qui n’a pas respecté une règle énoncée.  Or, en ce domaine, les personnes aventurières de l’invisible n’en connaissent pas les règles.

Nous avons souvent témoigné. Nous-même, lors de nos interrogations sur la survivance, avons suivi les mêmes chemins de l’ignorance et de l’expérimentation anarchique.

   Parallèlement, j’oserai affirmer que nous avons eu de la chance ou une conscience certaine des dangers, puis nous avons rencontré une structure, nous avons accepté de remettre en question nos facultés ou nos hypothétiques facultés.
Ce qui n’est pas le cas pour toutes les personnes qui se joignent à notre association. Nous reviendrons ultérieurement sur ce point.

   Au manque de connaissance, se mêle souvent le désir de pouvoir, de don, comme si le domaine du paranormal était supra humain.

   Mais faire du spiritisme n’est pas et ne sera jamais, se réunir curieusement et parfois joyeusement autour d’un guéridon, devant l’alphabet muni d’un verre glisseur, ou devant une feuille blanche, avec un crayon qui ne sera, dans le meilleur des cas, que l’intermédiaire de l’inconscient.

   Il y a certainement beaucoup de médiums qui s’ignorent, qui sont quelquefois témoins de phénomènes qui les perturbent, les effraient, parce qu’ils ne les comprennent pas, parce qu’ils ne les maîtrisent pas. A ceux-là nous conseillons et souhaitons la rencontre avec des gens avertis, avec la structure et la canalisation de leur faculté.

   Beaucoup d’autres  veulent devenir médium, soit après la perte d’un être cher, soit après la lecture d’ouvrages ( Comment devenir médium en dix leçons ?...), et notre devoir est d’informer. D’informer que l’on ne s’intitule pas médium, qu’on le devient à la condition de l’encadrement, de la connaissance du spiritisme et de l’au-delà, à la condition de l’expérimentation répétée, renouvelée durant de longs mois et souvent de longues années ; d’informer que le spiritisme n’est pas un jeu.

   Toujours et trop souvent présenté comme tel, on en vient même aujourd’hui à l’exploiter dans le commerce du jouet.
   Je trouve cela scandaleux, j’osais penser que le domaine du jouet était encadré et supervisé par des pédagogues, doublés de psychologues.

   Nombre d’histoires vraies (« l’exorciste ») traduites par le film, ont pour fondement l’idée du jeu de l’enfant face à l’inconnu.

Il s’agit de dire d’une part que le spiritisme n’est pas dangereux et simultanément qu’une mauvaise pratique du spiritisme peut l’être.

Il s’agit de dire d’autre part que la médiumnité ouvre la porte sur un monde infiniment vaste, où s’affrontent des énergies nombreuses.

Il s’agit de dire par logique, que l’au-delà n’est pas peuplé que de bonnes intentions, puisque habité par les esprits qui ont parcouru la planète.

Il s’agit de dire que le passage de vie à trépas ne rend pas les hommes différents de ce qu’ils étaient la veille.

Il s’agit donc de dire que celui ou celle qui s’aventure dans cette démarche, seul ou mal entouré, sans connaissances préalables, risque fort d’y rencontrer des forces et des puissances redoutables, dont l’influence pourrait être néfaste pour son équilibre psycho mental.

   Le spiritisme comme la médiumnité ne sont pas aussi simples que la formule « esprit es-tu là ? ».

   Ce n’est pas parce qu’une table se meut, qu’elle est mue forcement par la présence d’un esprit. Ce n’est pas parce que l’on laisse sa main courir sur une feuille  de papier blanc, pour le noircir, que c’est forcement l’écriture d’un esprit.

   Que de candidats au spiritisme sont en fait candidats à la reconnaissance du « pouvoir » dont ils se sont investis ! À ces candidats au pouvoir mais non au savoir, nous répondons invariablement : devenez d’abord spirites, étudiez, informez-vous et si réellement vous disposez de facultés,  quel qu’en soit le domaine, elles sauront être révélées, et ce, par le nombre des esprits, pour être développées dans les meilleures conditions. […]

   Si des associations spirites existent, telle que la nôtre, c’est d’une part pour exhumer les travaux des pionniers, des chercheurs, des expérimentateurs.  C’est d’autre part, à partir de l’histoire, pour poursuivre l’expérimentation dans des conditions de rigueur et de connaissances précédemment établies.

                  Tiré du Journal Spirite n° 40 Avril 2000
                                               Cercle Spirite Allan Kardec de Nancy.
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