Peine de mort
Peine de mort
La peine de mort disparaîtra-t-elle un jour de la
législation humaine ?
« La peine de mort disparaîtra incontestablement, et sa suppression marquera un progrès dans l’humanité. Lorsque les hommes seront plus éclairés, la peine de mort sera complètement abolie sur la Terre ; les hommes n’auront plus besoin d’être jugés par les hommes. Je parle d’un temps qui est encore assez éloigné de vous. »
Le progrès social laisse sans
doute encore beaucoup à désirer, mais on serait injuste envers la société
moderne si l’on ne voyait un progrès dans les restrictions apportées à la peine
de mort chez les peuples les plus avancés et dans la nature des crimes auxquels
on en borne l’application.
Si l’on compare les garanties
dont la justice, chez ces mêmes peuples, s’efforce d’entourer l’accusé,
l’humanité dont elle use envers lui, alors même qu’il est reconnu coupable,
avec ce qui se pratiquait dans des temps qui ne sont pas encore très éloignés,
on ne peut méconnaître la voie progressive dans laquelle marche l’humanité.
La loi de conservation donne à l’homme le droit de
préserver sa propre vie ; n’use-t-il pas de ce droit quand il retranche de
la société un membre dangereux ?
« Il y a d’autres moyens de se préserver du danger que de le tuer.
Il faut d’ailleurs ouvrir au criminel la porte du repentir et non la lui fermer. »
La restriction des cas où l’on applique la peine de
mort est-elle un indice de progrès dans la civilisation ?
« Peux-tu en douter ? Ton Esprit ne se révolte-t-il pas en lisant le récit des boucheries humaines que l’on faisait jadis au nom de la justice, et souvent en l’honneur de la Divinité ; des tortures que l’on faisait subir au condamné, et même à l’accusé pour lui arracher, par l’excès des souffrances, l’aveu d’un crime que souvent il n’avait pas commis ?
Eh bien ! Si tu avais vécu dans ces temps-là, tu aurais trouvé cela tout naturel, et peut-être toi, juge, en aurais-tu fait tout autant.
C’est ainsi que ce qui paraissait juste dans un temps paraît barbare dans un autre.
Les lois divines sont seules éternelles ; les lois humaines changent avec le progrès ;
Elles changeront encore jusqu’à ce qu’elles soient mises en harmonie avec les lois divines. »
Jésus a dit : « Qui a tué par l’épée périra
par l’épée. »
Ces paroles ne sont-elles pas la consécration de la
peine du talion, et la mort infligée au meurtrier n’est-elle pas l’application
de cette peine ?
« Prenez garde ! Vous vous êtes mépris sur ces
paroles comme sur beaucoup d’autres.
La peine du talion, c’est la justice de Dieu ; c’est Lui qui l’applique.
Vous tous subissez à chaque instant cette peine, car vous êtes punis par où vous avez péché, dans cette vie ou dans une autre ; celui qui a fait souffrir ses semblables sera dans une position où il subira lui-même ce qu’il aura fait endurer ; C’est le sens de ces paroles de Jésus ;
mais ne vous a-t-il pas dit aussi : « Pardonnez à vos ennemis » ; et ne vous a-t-il pas enseigné à demander à Dieu de vous pardonner vos offenses comme vous aurez pardonné vous-mêmes ;
c’est-à-dire dans la même proportion que vous aurez pardonné : comprenez bien cela. »
Que penser de la peine de mort infligée au nom de
Dieu ?
« C’est prendre la place de Dieu dans la justice.
Ceux qui agissent ainsi montrent combien ils sont loin de comprendre Dieu et qu’ils ont encore bien des choses à expier.
La peine de mort est un crime quand elle est appliquée an
nom de Dieu, et ceux qui l’infligent en sont chargés comme d’autant de
meurtres.
Extrait du Livre des Esprits. Allan Kardec