Le Destin. L'attidude victorieuse

M.a. rohrbach

                                                            L'attitude victorieuse

Je suis ton serviteur, mais je ne sers en toi ni tes passions ni tes appétits personnels, ni les possessions dont tu t’es fait l’esclave, ni ta personne lorsque tu lui donnes une valeur exagérée, ni même tes aspirations en apparence les plus légitimes mais pour lesquelles tu renonces à ta Royauté.

Car tu es Roi, Roi de la création et c’est ce Roi que je sers ! Ce Roi n’est esclave ni de sa personnalité ni de ses idées ; il n’est pas esclave non plus de l’opinion publique.

Le Roi est Maître de lui-même ; il remplit son devoir de créateur ; il donne à autrui sans compter mais avec sagesse. Il fait usage des biens qui lui sont confiés afin d’exécuter la mission à laquelle il se consacre.

Je suis ton serviteur dans la mesure où tu es victorieux et donc maître de toi-même. Ta victoire n’est pourtant pas le résultat d’une bataille ; elle est le résultat d’un progrès vers une vie meilleure.

Si tu sais ce que tu as à faire, si tu acceptes d’améliorer toujours ton œuvre, alors je suis ton serviteur.

Tu disposes ainsi de deux serviteurs.

L’un est ta personne, merveilleux instrument construit pour te servir.

L’autre est le destin, puissance dont les vaisseaux sillonnent la mer immense de l’inconnu et rapportent à leur roi les richesses qui lui sont nécessaires.

C’est ton idée qui est la réalité de toi-même, non pas ta personne.

Ton idée a besoin d’un corps humain pour se réaliser matériellement. Elle doit réunir les diverses données du problème que pose sa réalisation. Le niveau de cette réalisation est représenté par la meilleure conception que tu puisses te faire de toi, des hommes, du monde et de la vie.

Le problème de vie que tu t’es ainsi proposé de résoudre implique que les circonstances dans lesquelles tu te trouves soient utilisées et transfigurées.

Ces circonstances ne doivent pas te déterminer ; elles ne déterminent que les conditions dans lesquelles tu vas élaborer ta victoire.

Et voici mon conseil le plus essentiel ;

Au lieu de te demander avec anxiété de quels matériaux tu disposes, recherche plutôt quelle est exactement ton idée car c’est elle qui organise tout, disposant favorablement les éléments que je veille à te fournir inlassablement.

Tes tendances, ton caractère, la chaîne des évènements, ton entourage, ton idéal, sont les matériaux de ton édification royale. Oblige ces matériaux à se ranger, à s’ordonner entre eux selon une règle conforme à ton idée. Tu accompliras ainsi ta raison d’être.

Il se peut que ton idée ait besoin de nouvelles convergences, qu’elle ait besoin d’évènements nouveaux pour s’exprimer.

C’est à moi, ton serviteur, de veiller à ce que toutes ces choses te soient servies au moment où tu en as besoin.

Mais pour que ce service te soit utile, pour que tu puisses reconnaître ce dont tu as réellement besoin, il te faut naître d’eau et d’esprit.

M.A. Rohrbach

Le courrier du Livre