Et pourtant ils vivent. Poésie spirite.

        « La poésie spirite --- Texte médiumnique »                         

« Et pourtant ils vivent »

  Et pourtant ils vivent ; dans ces espaces fertiles et sans fin où la main de Dieu, sans trêve, sème les mondes et la vie, dans ces champs sidéraux labourés par l’amour d’un Père, sous le soc de l’évolution, partout éclosent les consciences, comme des roses offertes à l’avenir.
 
  Et pourtant ils vivent, sur l’autre versant de cet univers, âmes en devenir, découvrant dans la même seconde le feu, le fer ou l’amour.

  Des Babylone innombrables et d’innombrables Rome s’affrontent et s’écroulent dans l’ombre des croix des prophètes crucifiés ; les mondes éthérés visitent les mondes carnassiers, illuminés des bûchers de la croyance ; la connaissance se penche sur l’ignorance pour éteindre les brasiers de la haine.

  Et Dieu continue de jeter par poignées des soleils et des étoiles dans cet océan de vie : l’INFINI.
Comme des sémaphores énormes, ils jettent leurs chauds rayons sur toute la création ; et le sage médite, et la vivante créature s’interroge et la brute retient son bras.

  À l’aube de cette éternité, et devant le tombeau qui est la réflexion universelle, il n’y a pas une créature qui ne soit touchée au plus profond de son âme par ce spectacle sublime et colossal : la VIE.

  Et parce que chacune de ces vies est un baiser du Père, en regardant les constellations, le souvenir confus d’une filiation et d’une fratrie envahit l’homme ; et devant ces millions de maisons aux volets ouverts laissant filtrer la lumière de millions de chandelles illuminant la nuit, un écho intérieur renverse ses préjugés et toute la nature crie contre lui, et tout le plus profond de son être semble dire : et pourtant ils vivent..

Camille  Flammarion.

Tiré du journal Spirite n° 39. Janvier 2000
Cercle Spirite Allan Kardec de Nancy